Les taxonomies vertes, des critères clairs en matière de financement climatique, sont comme l'arbitre d'un match de football : elles permettent de s'assurer que tout le monde s’entend sur ce qui constitue un véritable investissement « vert ». Ces règles sont essentielles pour créer des conditions équitables qui attirent les investisseurs et aident le secteur de la finance climatique à se développer pour créer un avenir durable.
À ses débuts, le football ne ressemblait pas au sport que l’on connaît aujourd’hui. Les règles de jeu pouvaient varier considérablement d'un endroit à l'autre. L’utilisation des mains n’était pas toujours sanctionnée. Certains buts n’étaient pas équipés de barre transversale. D’autres règles autorisaient les joueurs à pousser leurs adversaires, mais pas à les tirer.
Ce n'est qu'au milieu du XIXe siècle que les règles ont été unifiées, permettant ainsi aux équipes de différentes régions de s'affronter sur un pied d'égalité. Le football n’a cessé d’évoluer au fil des décennies et parallèlement, des règles ont été adoptées au niveau international.
À l’instar de ce sport qui a connu un essor considérable par l’adoption de règles unifiées, nous avons aujourd’hui besoin d’un règlement commun pour lutter contre le changement climatique.
Le secteur financier est lui aussi plus performant quand tous ses acteurs respectent les mêmes règles.
D’où la nécessité d’établir des critères clairs, souvent appelés des « taxonomies », pour classer les actifs et les activités en fonction de leur caractère durable, et encourager les investisseurs et les banques à investir massivement dans des projets à impact.
Des interprétations différentes fragmentent les marchés et sèment la confusion chez les investisseurs. Ce qui peut sembler « vert » dans un pays peut paraître « brun » ailleurs, entravant ainsi les progrès en matière d'environnement.
Prenons l'exemple des véhicules de tourisme. Alors que des régions ont mis en place des normes d’émission très strictes, les constructeurs automobiles peuvent simplement décider de délocaliser leur production la plus polluante à l'étranger.
Une telle disparité compromet les objectifs climatiques mondiaux et aggrave les crises environnementales et sanitaires. Il serait toutefois injuste de s’attendre à ce que tout le monde adopte ces règles du jour au lendemain. Chaque économie fait face à des défis, des exigences et des priorités bien distincts.
Pour que les capitaux verts circulent à l'échelle mondiale, nous devons trouver un juste milieu entre les circonstances locales et un ensemble de règles universelles. Les initiatives de l’ISSB, le Conseil international des normes de durabilité, et du G20 ouvrent la voie à l’établissement de critères nationaux, de mesures d'impact et de normes comptables, tout en améliorant l'adaptabilité.
Des efforts similaires ont été déployés par le groupe de travail sur les taxonomies de la finance durable en Amérique latine et dans les Caraïbes, avec le soutien de la Société financière internationale (IFC), en collaboration avec d'autres institutions multilatérales.
En l'absence de règles universelles, les progrès en matière de climat resteront inégaux. À la différence du football, qui a connu une longue évolution et dont les règles prévoient un temps supplémentaire, le nôtre s’épuise.