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La journée mondiale de l'Afrique fête ses 60 ans

mai 24, 2023

Il y a juste 60 ans, 32 pays africains indépendants embarquaient pour un extraordinaire voyage.

Le 25 mai 1963, leurs délégués se rassemblaient à Addis-Abeba (Éthiopie) pour fonder l'Organisation de l'unité africaine (OAU). Depuis lors, cet évènement historique, dans une longue quête de liberté et de prospérité partagées, se commémore à l'occasion de la journée mondiale de l'Afrique.

L'OAU a évolué au fil du temps pour devenir l'Union africaine (UA), partenariat regroupant 55 États membres, avec pour vocation de promouvoir une coopération culturelle, politique et économique sur ce continent dynamique et en croissance rapide, où vivent plus de 1,4 milliard d'habitants.

L'Afrique poursuit son voyage à vive allure. L'UA a choisi pour thème de cette année « l'accélération de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) », soulignant ainsi l'importance – et l'urgence – d'une économie forte et unie, en des temps où se multiplient et se chevauchent les crises mondiales.

Une lame de fond

En 1963, les effets du colonialisme se faisaient encore vivement sentir, y compris pour les pays africains indépendants. Le continent était dans une large mesure pauvre, rural et relégué à l'arrière-plan de la scène mondiale. Aujourd'hui, l'Afrique étend son influence culturelle au monde entier, ses villes et ses économies sont en pleine croissance, et ses jeunes amènent une lame de fond dans les secteurs de la finance, de la tech et de l'industrie, entre autres.

Cependant, de nombreux pays africains comptent toujours parmi les plus pauvres du monde, le chômage continue à accabler le continent, et les indicateurs en matière sociale et sanitaire traduisent toujours une cruelle réalité. Menace de plus en plus pesante, le changement climatique risque d'anéantir une grande partie des récents progrès de l'Afrique.

« Malgré les réels – et formidables – défis que doit relever l'Afrique, je reste profondément optimiste quant à son avenir, déclare Sérgio Pimenta, vice-président régional d'IFC pour l'Afrique. Le continent a accompli de remarquables progrès depuis vingt ans. Il en reste beaucoup à réaliser, mais l'Afrique n'est plus en position de suiveur. Elle est désormais à la pointe de l'innovation dans de nombreux domaines et sa jeune population promet de poursuivre sur cette voie. »

Un ouvrier de Metalco produit des câbles en cuivre à Kabwe, en Zambie.
Photo : Dominic Chavez/IFC

Un financement record

Pour IFC, l'Afrique constitue de plus en plus un centre d'intérêt majeur.

Pendant l'exercice fiscal 2022, l'organisation a fait bénéficier 36 pays africains d'un financement record de 9,4 milliards de dollars, la plus importante de ses aides annuelles au continent. Ces fonds contribuent au développement de l'industrie pharmaceutique locale et du commerce intracontinental. Ils servent aussi à améliorer l'accès au financement climatique et à renforcer la sécurité alimentaire, entre autres priorités.

Concernant le commerce, thème 2023 de l'UA, les investissements d'IFC pour la dernière année fiscale ont représenté 3 milliards de dollars, destinés à ouvrir les échanges intra-africains. IFC a également lancé en 2022 son Programme de financement du commerce et des chaînes d'approvisionnement africains, soit une enveloppe de 1 milliard de dollars.

« Pour l'Afrique, le commerce est un excellent domaine d'action, car il représente bien plus que le simple déplacement de biens et de services d'un côté à l'autre d'une frontière, explique Sérgio Pimenta. En effet, il jette des ponts économiques et sociaux, facilite les transferts de connaissances et produit des résultats gagnants pour tous les pays participants. Le soutien d'IFC en faveur d'un développement du commerce intra-africain reflète notre stratégie de promotion du secteur privé, qui se traduit par des bénéfices durables à tous points de vue. »

Le marché de Kasoa à Accra, au Ghana (2018)
Photo : Dominic Chavez/ IFC

La ZLECA

Cependant, l'Afrique est depuis trop longtemps divisée par des monceaux de tarifs douaniers et autres barrières, qui rendent souvent plus facile pour les entreprises africaines de travailler avec les marchés extérieurs qu'intracontinentaux. 

La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) a été créée pour limiter et abolir ces obstacles. Démarrée en janvier 2021, la première phase de son instauration vise des progrès tangibles et durables en matière d'emploi, de croissance et de réduction de la pauvreté.

En outre, la ZLECA a pour but de relier l'Afrique à des routes commerciales à la fois fluides et robustes, tant physiques que virtuelles. Celles-ci contribueront comme jamais à unir le continent sur le plan non seulement économique mais aussi culturel, grâce à une interdépendance toujours plus grande, qui rassemblera notamment les innovateurs africains.

Pour le moment, le fait est que le commerce intra-africain demeure limité. Mais des actions sont en cours pour rendre les échanges plus faciles et plus rapides – une avancée essentielle pour que se réalisent complètement les rêves de délégués qui, bien décidés à faire changer les choses, se réunirent en Éthiopie un jour de 1963.

Publié en mai 2023