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Des start-up sénégalaises s’adaptent pour soutenir la lutte contre le coronavirus

mars 30, 2020

Elena Gex

L'épidémie de Covid-19 s’est répandue dans tous les pays du monde. En Afrique, le virus commence juste à monter en puissance, avec environ 3 200 cas confirmés dans la région au 30 mars, selon le tableau de bord de l’OMS. Quoi qu’il en soit, les gouvernements prennent les devants et ont commencé à mettre en place des mesures de confinement.

Prenons l’exemple du Sénégal. Avec environ 140 cas confirmés au 30 mars, le Sénégal a déjà pris des mesures pour tenter de contenir la propagation du virus, en décrétant des couvre-feux, la fermeture des espaces publics et des restrictions de circulation.

Alors que la vie quotidienne et les activités commerciales sont mises à l’arrêt, les fondateurs de trois start-up technologiques sénégalaises reviennent sur les conséquences de la pandémie sur leurs entreprises et expliquent ce qu'ils mettent en œuvre pour y faire face.


Paps
, une start-up de logistique qui propose des services de livraison dans tout le Sénégal, est en train d’adapter et de renforcer ses activités, à l'heure où la population est invitée à rester chez elle. Selon sa cofondatrice Gaëlle Tall, la pandémie ayant un impact direct sur son activité principale, l'entreprise a dû limiter et cesser certains services de livraison et de stockage.

Elle adapte également ses activités pour apporter des solutions aux problèmes qui surgissent alors que le Sénégal fait face au coronavirus. Paps propose par exemple de collecter et de livrer des produits médicaux et de baisser les prix pour la livraison de denrées alimentaires et d’eau. En outre, comme il n’existe pas de commerces d’alimentation en ligne au Sénégal, Paps travaille actuellement à l’intégration d’une nouvelle fonctionnalité sur son site web : un catalogue de produits alimentaires et d’hygiène que les clients pourront commander et se faire livrer.

La start-up a élaboré un plan de continuité des activités qui repose sur des mesures de santé et de sécurité destinées à protéger ses employés et ses clients. Elle dispense à ses livreurs des formations sur le coronavirus et sur le respect des consignes d’hygiène afin de se protéger et de protéger les autres. Elle a également mis en place le télétravail pour certains employés et utilise davantage d’outils numériques afin de faciliter la communication et la collaboration. Enfin, elle a modifié ses modes de paiement. La manipulation des espèces pouvant présenter un risque, l’entreprise demande à ses clients de régler leurs achats par voie électronique.


Firefly Media
est une agence de publicité spécialisée dans les transports publics, en particulier les bus. La start-up a été la première au Sénégal à déployer des dispositifs numériques dans les bus qui diffusent un contenu interactif aux passagers. À la suite des mesures prises par les autorités sénégalaises afin de restreindre drastiquement la circulation des bus, la société a décidé de se joindre à la lutte contre l'épidémie.

Début mars, Firefly a proposé au ministère de la Santé de diffuser gratuitement des informations sur le coronavirus. Une semaine plus tard, la campagne de sensibilisation conçue par le ministère de la Santé en collaboration avec le ministère des Transports a commencé à être diffusée sur tous les supports de Firefly.

« Le plus important est de lutter contre la propagation de l'épidémie », affirme Mafal Lo, cofondateur et directeur général de l’agence. Firefly est la régie publicitaire exclusive de l’AFTU, le plus grand réseau de bus du Sénégal, qui transporte plus de 300 millions de voyageurs par an.

La start-up prévoit une forte diminution des dépenses de publicité extérieure mais voit dans cette crise l'opportunité de déployer sa nouvelle plateforme de collecte de données basée sur ses écrans et son interface SMS. Elle a déjà publié une enquête afin de déterminer si les voyageurs sénégalais comprennent et adoptent les mesures préventives. Elle cherche en outre à savoir si le public comprend ce qu’il faut faire en cas de suspicion de contamination. L’objectif est de fournir de nouvelles données chiffrées pour soutenir la lutte contre la propagation du virus.


Eyone
est une start-up informatique spécialisée dans la santé qui a développé deux solutions numériques pour simplifier et améliorer la traçabilité des dossiers médicaux : Eyone Médical et Passeport Médical. Selon son cofondateur et PDG, Henri Gueye, le fait d’être dans le secteur médical confère à son entreprise une responsabilité dans la lutte contre la pandémie. La société a rapidement lancé des solutions pour les particuliers et les pouvoirs publics.

Pour le grand public et les patients actuels, Eyone a ajouté une fonctionnalité à son programme de Passeport Médical. Elle permet aux utilisateurs de consulter des professionnels de santé via un service de téléconsultation. En outre, les offres standard d’Eyone, telles que la prise de rendez-vous en ligne et la téléprescription, sont désormais proposées gratuitement à tous les professionnels qui s’inscrivent.

Eyone a enregistré une augmentation de son activité, mais du fait de la pandémie, les activités et la gestion courantes du secteur médical ont été suspendues. Les investisseurs qui avaient promis de verser des fonds sont devenus plus prudents et préfèrent attendre avant de s’engager.

Mais l’entreprise pense que la crise — et la réponse qui lui est apportée — montreront l’importance d’un système de santé connecté qui fournit aux professionnels du secteur des outils numériques pour communiquer avec les patients de manière plus systématique et plus efficace.

Publié en mars 2020